Après une brûlante et consistante bouillie, nous partons pour une randonnée de 4H en débutant par une superbe vallée plantée de nombreuse yourtes, où paissent de grands troupeaux de chevaux, moutons et vaches. Nous franchissons un col à 3300m (masochistes ?...  nous ?) qui domine les montagnes environnantes et le lac. La magie opère à nouveau… panorama géant ! Nous redescendons par une autre vallée couverte d’un tapis de fleurs multicolores d’une incroyable variété. On y trouve même des edelweiss qui poussent  ici à partir de 2600m. Nous arrivons ensuite au bord du lac dont les paysages de falaises tombant dans l’eau rappellent  étrangement ceux de l’Irlande. C'est notre dernier jour de circuit.  Demain nous repartons à la case départ à Bichkek avec des images plein la tête.

Notre yourte

Traite des juments

Edelweiss et champignons

Erkaïym adore les bonbons que nous lui avons offerts

Aujourd’hui, longue journée de route (8H) pour rejoindre le lac Song-Köl situé à 3020m d’altitude. Les conditions climatiques nous permettent de prendre une piste de 170 km qui traverse des paysages absolument grandioses avec des points de vue époustouflants au sommet des cols. Impressionnantes formations rocheuses de canyons ou de vallées lunaires de toutes les teintes.

Tombeaux Kirghizes

Pause déjeuner à Baetov, petite ville « fantôme » où nous ne voyons pas âme qui vive : rues vides, stations d’essence à l’abandon, ambiance glauque à souhait. Quant au restaurant, l’ambiance n’est guère plus à l’éclate : bâtiment du plus pur style soviétique (=très moche) absolument sinistre. Heureusement que les manteys (raviolis vapeur) et le pelmen (soupe russe aux raviolis de mouton) sont délicieux. On se croirait en taule avec le comptoir d’accueil protégé par de gros barreaux de fer (ça c’est pour la vodka…). Après notre immersion dans la nature, nous n’avons qu’une seule envie, s’échapper au plus vite de cette succursale du KGB !

Manteys et pelmen

Malgré les nuages qui enveloppent de temps à autre le 4X4, l’arrivée au lac Song-Köl est très belle. Les paysages sont une fois de plus différents. Le lac, cerné de cimes enneigées mesure 22 km de long sur 18 km de large. Il se situe sur un plateau couvert de vastes pâturages où les semi-nomades viennent passer l’été avec leurs troupeaux comme à Tach Rabat. Ce soir, nous logeons à nouveau dans un Jailoo composé de quatre yourtes. Le vent souffle un froid glacial. Le temps est très changeant. Après une averse de grêle à ne pas mettre le nez dehors, vient une superbe éclaircie. Les rayons du soleil flattent sitôt ce magnifique panorama.

Notre camp

Lac Song-Köl

Au menu ce soir : poisson du lac ! (non ce n’est pas le nom d’une nouvelle espèce de mouton) et toujours cette table garnie de bonbons, de gâteaux et d’excellentes confitures « maison » de fraise, de cassis ou d’abricot. En bonus, nos hôtes nous offrent du koumis qui n’est autre que du lait de jument fermenté, légèrement pétillant et au goût aigrelet. On n’en ferait pas des folies mais nous sommes tout de même contents d’y avoir goûté.

Talant servant du koumis

Aujourd’hui, une journée d’immersion totale dans le Jailoo et ses environs s’offre  à nous. A peine réveillé, Serge s’est fait un petit remake perso des « Oiseaux » d’Hitchcock. En sortant de la yourte, deux corbeaux on littéralement piqué sur lui en lui frôlant la tête. Ses grands gestes ne les ont pas découragés si bien qu’il est allé trouver refuge dans la maison familiale. Du grand art.

Notre yourte

Après le petit déj’, nous montons jusqu’au fameux caravansérail, un ancien lieu de passage où les caravaniers faisaient étape sur la Route de la Soie (nous ne sommes qu’à une quinzaine de kilomètres de la province du Xinjiang en Chine). Les chevaux, les yourtes et leurs poulains et même un chameau entourant cet édifice du 10è siècle, confèrent un caractère magique à ce lieu. Nous avons craqué pour un shyrdak, magnifique tapis en laine de mouton, symbolisant au plus haut point l’artisanat kirghize.

Caravansérail

Nous redescendons au Jailoo pour assister et participer au montage d’une yourte avec toute la famille. Quelle chance ! Au menu ce midi : soupe de mouton aux pommes de terre et aux oignons avec une bolée de sarrasin au mouton. Le tout accompagné de thé, délicieux.

Montage d'une yourte

Cet après-midi nous partons explorer les versants de la vallée qui grouillent de marmottes. Notre  patience à été récompensée car en plus de belles photos, nous avons eu la chance d’observer une portée de cinq petits marmottons.

Marmottes

Marmottons

L'heure de la tétée

Longue journée de route pour rejoindre le caravansérail de Tach Rabat. Dans un premier temps nous longeons à nouveau le lac Issyk-Köl, toujours aussi resplendissant sous le soleil. Puis nous bifurquons en direction de Naryn. Le paysage change du tout au tout. La vallée que nous empruntons est beaucoup plus aride et dénuée d’arbres mais reste superbe : une véritable palette de couleurs et toujours ces sublimes sommets enneigés en toile de fond. Nous roulons en fait sur la route qui relie la Chine à Bichkek et ce sont les Chinois qui construisent et entretiennent  - à leurs frais- cet axe indispensable à  leurs exportations vers le Kirghizstan. Dans le même registre, ce sont les saoudiens qui financent la construction des mosquées dans ce pays.

Cimetière Kirghize

Après Naryn, nous traversons le désert en ligne droite le long de la chaîne montagneuse d’Al Pachy avant de remonter la vallée menant à Tach Rabat. Nous ferons les derniers kilomètres à pied en croisant un grand troupeau de yaks et en assistant à la tonte de moutons par un jeune couple semi-nomade. 

Arrivée à Tach Rabat

Tonte des moutons

A l'ombre de la laine

Troupeau de yaks

Justement ce soir nous dormons dans un camp de yourtes tenu par une famille semi-nomade qui passe les 3 mois d’été dans ce bout du monde au cadre paradisiaque. Nous faisons connaissance de la très accueillante et très sympathique  fille du propriétaire, Tursun.  Repas typique et délicieux  à base de mouton (nous en mangeons midi et soir). Le dîner se déroule dans la maison « en dur » des propriétaires, au coin du poêle et assis à même le sol sur des tapis très moelleux. Nous clôturons la soirée par une partie mémorable d’UNO en langue Kirghize, ambiance assurée ! Lorsque nous décidons d’aller nous coucher dans la yourte avec Talant et Densoolouk, nos hôtes nous allument un bon feu dans le poêle, ce qui n’est pas un luxe vu la température extérieure. Nous dormons ce soir à 3500m d’altitude, un peu plus près des étoiles.

Notre camp

Partie de Uno dans la salle à manger

S’il ya une visite à ne pas manquer à Karakol, c’est bien le marché aux bestiaux qui a lieu tous les dimanches matin. C’est l’un des meilleurs marchés aux animaux d’Asie centrale. Très pittoresque, on y vend des moutons, des vaches, des chèvres et de superbes chevaux. Une particularité : les moutons à queue grasse qui valent leur pesant de Soms car ils peuvent couter jusqu’à l'équivalent de 120 dollars.

Marché aux bestiaux de Karakol

Mouton à queue grasse

Nous prenons ensuite la route pour le canyon de Jety-Öghuz où s’élèvent d’extraordinaires falaises de grès rouge avec notamment la « Colline de Razbitoye » en forme de cœur brisé et de l’autre versant de la colline, une paroi massive surnommée « Les Sept Taureaux ».

Les Sept Taureaux 

Le cœur brisé

Nous poursuivons notre route en longeant un torrent jusqu’à la superbe «  Vallée des Fleurs », appelée ainsi car elle est tapisée de coquelicots en mai. Une heure et demie  de marche au milieu de somptueux pâturages (Jailoo en Kirghize) entourés de sapins, où les semi-nomades vivant dans des yourtes, viennent faire paître leurs troupeaux à la saison estivale. Au menu du pique-nique : du pain, du fromage de la région et un délicieux saucisson au bœuf (islam oblige).

Vallée des Fleurs 

Ce soir, nous logeons chez l’habitant à Echperov. L’accueil est toujours aussi chaleureux et la table généreuse même pour le goûter (thé, bonbons, salades, gâteaux, confitures à tomber…). Notre hôte nous prépare des nans (galettes de pain) pour ce soir. Elle les enfourne sous nos yeux dans un tandyr (four en terre à bouche ronde), situé dans le jardin.

 Goûter et nuit dans le salon chez l'habitant à Echperov

Ce matin, retour vers Karakol. 03H30 de descente le long d’un impétueux torrent dans une vallée encaissée. Des milliers de pins centenaires élancés composent ce paysage idyllique de carte postale. Nous sommes émerveillés à chaque détour du sentier. De plus le temps est radieux, ce qui rajoute encore à notre plaisir. Une vraie sinécure comparée à hier. En bas de la piste, Emil nous attend. Notre trek de 3 jours est terminé, quelle aventure !

Altyn Arachan

 Fiston du refuge - Berger à cheval

Avant de retourner à la guest house, nous visitons la cathédrale Ste Thérèse, magnifique église orthodoxe construite tout en bois. Déjeuner à l’incontournable « Fakir ». Nous en profitons pour trinquer à la fin du trek, nous à la bière, nos guides musulmans au Fanta (même si Talant porte aujourd’hui un t-shirt « Jack Daniels » !). Puis grosse sieste bien méritée dans un bon lit !

Eglise Ste Thérèse

07h30 : début de l’ascension jusqu’au lac Ala-Köl et au col portant le même nom. Le temps est splendide, pas un nuage, c’est de bon augure. Affublés de notre sac à dos de 10kg (Marsat en porte 25), nous commençons la grimpette le long du torrent qui parfois disparaît sous la glace. Le dénivelé de 700m vire parfois à l’escalade et lorsqu’on nous regardons le sommet très lointain, le moral en prend un sacré coup. Il nous faut tantôt marcher dans la neige, tantôt escalader  d’immenses pierriers en évitant les chutes à chaque instant. Juste avant d’arriver au lac, nous passons devant un imposant glacier duquel s’échappe un torrent : une magnifique récompense qui nous fait oublier-en partie -les efforts fournis jusqu’à présent.

 Glacier et cascade

Après un dernier passage périlleux, le majestueux lac Ala-Köl s’offre à nous  à 3500m d’altitude, après 3 heures de marche éprouvante. Le lac, complètement gelé à cette période de l’année est entouré de pics enneigés de plus de 5000m d’altitude… sublime. Pas un bruit, un soleil éclatant, quelle sérénité.

Lac Ala-Köl - 3500m

Une pause d’un petit quart d’heure et nous voilà repartis sur un dévers qui surplombe le lac. Après une vingtaine de minutes de montée, nous apercevons enfin le col enneigé. Soudain le temps se gâte à vitesse grand V : les cimes enneigées disparaissent sous d’épais nuages, on ne distingue plus du tout le lac et un vent glacial se lève. Les derniers 300m de dénivelé menant au col s’avèrent épouvantables. Il faut gravir un enième pierrier enneigé sur lequel chaque pas devient hasardeux. Les pierres roulent sous nos pieds, nous avons l’impression de faire du sur-place.  La température chute de plus en plus et la neige commence à tomber… le clou. Nous nous arrêtons pour récupérer notre souffle environ tous les dix pas, les jambes n’en peuvent plus. Et pour couronner le tout, nos gourdes se retrouvent à sec et nous n’avons pas d’autre choix que de bouffer de la neige ! Nous atteignons –nous ne savons pas par quel miracle- ce putain de col à 3900m avec beaucoup de joie, après 6 H d’ascension, et à ce moment précis,  tous les nuages disparaissent  instantanément  comme par magie, laissant à nouveau apparaître un panorama somptueux sur le lac mais également sur la vallée qu’il nous reste à descendre de l’autre côté du col  …

Col à 3900 m en vue

Densoolouk, Serge, Talant, Marsat

La joie est de courte durée car le guide sort une corde de son paquetage et nous la noue autour de la taille. Sensation de vide totale : nous sommes au bord d’un à pic si vertigineux que nous ne distinguons même pas la première partie du versant enneigé que nous allons emprunter. Un truc de ouf ! Quasiment couchés sur le dos à la verticale, talons plantés en avant, c’est partie pour une heure de galère. A chaque pas nous nous enfonçons jusqu’aux hanches dans la neige, de laquelle nous nous efforçons de nous extraire avec le plus grand mal, épuisant. Mais la motivation est là car plus tôt nous sortirons de ce merdier, plus tôt nous serons rassurés sur l’éventuel risque d’avalanche, surtout que nous voyons des coulées autour de nous. Inutile de moisir dans cette soupe qui nous a complètement trempés et remplie nos chaussures à ras bord.  Quant à nos bâtons de marche, ils ne nous servent plus à rien car ils disparaissent littéralement dans la neige. Une fois cette paroi verticale franchie, les conditions s’améliorent, nous n’avons plus que de la neige jusqu’aux genoux. Les jambes sont lourdes mais le soleil radieux nous met du baume au cœur.

Descente dans la neige

14H30 : nous foulons avec soulagement l’herbe sous nos pieds, nous voilà sortis du pétrin mais nous ne sommes pas encore arrivés à  Altyn Arachan… Brusquement, une tempête glaciale balaye violemment la plaine accompagnée de gros grêlons qui nous mitraillent de toute part. Le pompon ? Non, l’enfer ! Tout cela va durer 4 bonnes heures avec –cerise sur le gâteau- un orage assourdissant ! Plus un poil de sec ! Même les protections de nos sacs sont inutiles, tout à pris l’eau.  Nous ruisselons de toute part et pataugeons dans la gadoue mêlée aux excréments des troupeaux (oui la vie réapparaît !). Sans nos bâtons de marche, gamelles assurées. Voilà que maintenant nous devons franchir un torrent en crue dont le gué est complètement submergé par l’eau. Au point où nous en sommes (donc complètement blasés) nous ne prenons même pas la peine de nous déchausser. Nous avançons dans l’eau glacée  jusqu'aux genoux. L'eau paraît finalement moins froide que nos pieds gelés, on la croirait presque « chaude ». ! La dernière forêt traversée est une véritable patinoire… on en voit plus le bout…

Et puis soudain, nous apercevons une maison en bois toute bleue de l’autre côté du torrent, c’est notre refuge, notre délivrance ! Nous sommes enfin arrivés à Altyn Arachan, dégoulinants de partout, de la merde de vache plein le pantalon, de vraies loques.  Un dernier regain d ‘énergie (enfin de ce qu’il en reste) et nous voici enfin au chaud et au sec.

18H15 : il nous aura fallu presque 11 heures (au lieu de 8) pour réaliser cette étape de 18 km dans des conditions catastrophiques que nous ne pouvions même pas imaginer ce matin.

Aux  « Le jour où nous avons cru mourir ! », « en perdition.. » et « abandon…» de nos méritants amis bloggeurs nous ajouterons à la mythique collection : « LA pire journée de vacances de notre vie » !

« Une des plus belles journées de notre vie » aussi car malgré tous ces efforts fournis et de grands moment de doute et de découragement, nous sommes hyper heureux d’avoir réussi ce challenge à deux, sans rebrousser chemin, et d’avoir rempli nos têtes d’images sublimes et de souvenirs mémorables.

Les alentours de Karakol sont réputés pour sa station de ski et les nombreuses randonnées  possibles dans les « Monts Célestes » ou « Tian Shan ». Nous avons prévu d’y faire un trek de 3 jours à la découverte du lac Ala-Köl, et ce malgré tout ce que nous avons pu lire sur les blogs perso : « Le jour où nous avons cru mourir ! », « en perdition.. » ou encore « abandon…». Mais nous voulons nous faire notre propre idée… La veille au soir, Talant nous a déjà annoncé une mauvaise nouvelle : pour pouvoir  franchir le col à 3900m le deuxième jour, nous devons impérativement être accompagné d’un guide de haute montagne (Marsat) car le passage est actuellement fortement enneigé. Qu’à cela ne tienne, nous serons cinq à faire le trek.

Après un petit déjeuner royal, Emil nous emmène dans la vallée de Karakol jusqu’au point de départ du trek à 1900m d’altitude.

Petit déjeuner - Djamilia Guest House

Il fait un soleil magnifique  et il n’y a aucun nuage au dessus des pics enneigés culminant entre 4000 et 5000 mètres d’altitude. Paysages sublimes en remontant le torrent qui coule énergiquement dans la gorge étroite. Deux heures de montée avec quelques dénivelés plus importants mais sans réelle difficulté. Après le pique-nique les choses se corsent : un dénivelé de 400m à couper le souffle parcouru en 01h45 à travers une belle forêt pour arriver épuisés au « Sirota Camp » à 2900 m d’altitude. Tout en bois sculpté, il se situe au bord d’un torrent cerné de hautes montagnes. Nous croisons un Italien et son guide qui ont renoncé à monter au lac, trop difficile. Rien de tel pour nous donner la pêche… à quoi nous attendre demain ? Le soir après avoir avalé une soupe de nouilles, Talant et Marsat nous allument un feu de camp afin que nous puissions nous réchauffer un peu. Un moment très convivial entre nous cinq, histoire de ne pas trop penser à demain.

Densoolouk, Talant, Marsat, Seb

 Talant prépare le pique-nique

Sirota Camp

Après le petit dej’, nous partons pour deux heures de marche afin d’explorer le canyon par le haut. Ce désert au bord du lac est tout simplement géant dans tous les sens du terme.

Canyon d'Ak-Saï

Puis nous reprenons la route vers Karakol (75000 habitants) que nous atteignons après deux heures d'une route longeant le lac.

Garage

A Karakol, nous logeons à la "Djamilia Guest House",  au calme car à l’écart de la ville. L’accueil est chaleureux et les chambres impeccables. Une nuit de confort dont il faudra pleinement profiter, vu le trek qui nous attend dans les trois prochains jours.Visite intéressante de la mosquée chinoise en bois, construite sans aucun clou en 1910 par des charpentiers venus spécialement de la Chine voisine. Nous partons dîner au très bon restaurant « Fakir ». La cuisine Kirghize est excellente et depuis deux jours, Talant nous fait découvrir différentes spécialités dont certaines se révèlent être de véritables tueries comme les manteys (raviolis vapeurs au mouton) ou les laghman (pâtes fraîches à la sauce au poivrons). Au moment de l’addition, crise de fou rire assurée : au moment de payer, il faut dire phonétiquement « chiotte » (qui signifie « addition ») et la serveuse répond du tac au tac « chiasse » qui veut dire « tout de suite » !

                                                   Mosquée chinoise

   Laghman                                                                 Djamilia Guest House

9 heures du mat’, nous retrouvons Talant accompagné de son assistant Densoolouk, 24 ans et d’Emil notre chauffeur de 4X4. Par mesure de précaution, Talant nous conseille de nous enregistrer à l’Ambassade de France, ce que nous faisons avant de prendre la route.

Nous longeons la frontière du Kazakhstan durant les premiers kilomètres avant de bifurquer pour le site de Burana. De cette cité du 6^e siècle ne subsiste plus qu’une tour, un minaret haut de 24 mètres entouré de remparts en ruine.

Tour de Burana

Nous poursuivons notre route vers le lac Issyk-Kul. . Deux routes entourent le lac : celle du nord, jalonnée de nombreuses stations balnéaires envahies l'été par de riches Kazakhes et Russes et celle du sud plus sauvage, celle que nous avons décidé d’emprunter.

Nous traversons le canyon de Boömskoe ushchelie, long de 40 km. Puis nous quittons la route principale pour circuler sur le lit asséché d’un torrent traversant le canyon d’Ak-Saï. De  part et d’autre se dressent des escarpements rocheux de couleur ocre, sculptés par le vent, l’eau et le temps.

Canyon d’Ak-Saï

Puis nous débouchons sur  le lac Issyk-Kul (1600m d'altitude) d’une couleur bleue profonde, cerné de montagnes enneigées de plus de 4000m. Immense, il fait la fierté des Kirghizes et pour cause : long de 170 km et large de 60 km, c’est le second plus grand lac d’altitude de la planète après le Titicaca au Pérou. 80 rivières viennent s’y jeter. Son eau est légèrement salée et de ce fait le lac ne gèle jamais.

Lac Issyk-Kul

Arrivé au bord du lac, le paysage est à couper le souffle : derrière nous (au sud), le canyon désertique et  la chaîne montagneuse du Terskey Alatau aux neiges éternelles en second plan.  Face à nous (au nord), de l’autre côté du lac se dressent les sommets blancs du Künger Alatau. On en prend plein les yeux, d’autant plus que nous campons ici ce soir. Un petit bonheur simple que ce "plove", plat de riz épicé à la viande et aux légumes, partagé au bord du lac avec nos compagnons de voyage.

Camping sauvage

Journée consacrée à la visite de la capitale située à 800m d’altitude.  Peu de choses palpitantes à voir mais la ville est plutôt agréable et très verte. Avant l’indépendance du pays déclarée en 1991, elle était la ville la plus verte de l’URSS. Il fait bon s’y promener. Située au pied de la chaîne de l’Alatau ( 80 % du pays est montagneux), la ville se détache sur fond de sommets enneigés culminant à plus de 4000m. Les urbanistes militaires du 19^e siècle ont tracé la cité au cordeau, très facile donc de s’y repérer. Parmi les curiosités touristiques : une belle église orthodoxe, la place Ala-Too : grande esplanade de béton où trônait jadis la statue de Lénine, aujourd’hui remplacée par une statue incarnant la liberté. Jouxtant la place, la « Maison Blanche », siège du parlement. Un peu plus loin le parc Panfilov et ses innombrables manège rouillés et le parc Dubovy, idéal pour trouver un peu de fraîcheur sous ces 32°C. Face à notre hôtel, le casino datant de l ‘époque soviétique, fermé depuis plus d’un an car le gouvernement a désormais interdit tout jeu d’argent, le cirque – véritable OVNI- qui jadis attirait les foules et enfin la fameuse Place de la Victoire et son monument datant de la seconde guerre mondiale en forme de yourte, passage obligé des cortèges de noces pour les photos de mariage.

Ce soir, nous rencontrons notre guide, Talant, 25 ans, parlant parfaitement notre langue et pour cause : 5 années de français à l’université de Bichkek. Il termine tout juste sa dernière année d’études pour pouvoir enseigner le français à son tour. Il nous accompagnera durant tout notre périple de 10 jours dans le centre et l’est du pays.

 Cirque

 Parc Panfilov

Eglise orthodoxe

Vendeur de fraises

Le premier vol jusqu’à Moscou s’est bien passé mais le suivant jusqu’à Bichkek c’est une autre histoire. Serge a pour voisin un Kirghize qui arrive d’Ethiopie et  qui est bourré comme ce n’est pas permis.  Il n’a certainement pas volé avec Aeroflot sur son premier tronçon et a bien évidemment  fait le plein, a moins que ce ne soit à l’aéroport flambant neuf de Moscou. Très gentil le gars mais alors qu’est ce qu’il empeste l’alcool… l’horreur : impossible de se tourner vers lui tellement ça daube. Mais le coup de grâce est asséné lorsqu’il  se déchausse et enlève même ses chaussettes. Au secours !  Le pire c’est qu’il n’en a pas encore assez dans le cornet et se paye une bouteille de rouge (un de celles cachées dans le chariot…), histoire de mélanger ce dernier fumet à celui de la vodka. Tout le vol, Serge aura la tête tournée à l’opposé de ces vapeurs. Plein les naseaux pendant 04h00 !

A notre arrivée à Bichkek, après des formalités et un change express, nous montons dans le taxi qui va nous conduire à notre hôtel. Le chauffeur à les yeux bien brillants… il n’a pas du boire que de l’eau lui non plus. Effectivement, démarrage en trombe, slalom entre les barrières de l’aéroport et le voilà qui file à toute berzingue sur la grande ligne droite menant à la capitale. La vitesse est limitée à 60km/h (40 en ville) mais l’aiguille du compteur indique 120 ! Sur le parcours nous croisons une multitude de vieilles Ladas et autres voitures russes brinquebalantes. Nous arrivons sans encombres à l’hôtel Dostuk du plus pur style soviétique, idéalement situé en plein centre ville.

Nous voici donc au Kirghizstan, 4.5 millions d’habitants dont 1.5 millions qui vivent (et surtout travaillent)  à l’étranger et 1 million qui habitent  à Bichkek. Les principaux groupes ethniques du Kirghizstan sont les Kirghizes (66%), les Ouzbeks (14%) et les Russes (10%).

 Vue sur Bichkek